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Au cours de la dernière décennie on a pu observer un intérêt croissant
du monde institutionnel pour des modèles qui jusqu'alors n'avait pas
d'audience en dehors du milieu académique ; les modèles DSGE -- pour
Dynamic Stochastic General Equilibrium -- stipulent que l'évolution
observée des variables économiques résulte à tout instant des réponses
optimales d'individus face aux chocs qui affectent l'économie. Les
travaux de Smets et Wouters montrent qu'un modèle de cycle incorporant
suffisamment de rigidités réelles et nominales peut être estimé et
surtout proposer une description pertinente de l'économie. Le résultat
le plus notable est que la qualité d'ajustement du modèle considéré
par Smets et Wouters (une extension du modèle de Christiano,
Eichenbaum et Evans) est comparable, voire meilleure, à celle d'un
modèle (B)VAR - un modèle statistique dont les performances en termes
de prévisions sont reconnues. En particulier, le modèle DSGE peut
fournir des prévisions, in sample ou out of sample, qui sont
équivalentes ou qui surpassent les prévisions d'un modèle VAR.
Conjointement aux succès récents des modèles DSGE on a observé une
diffusion des méthodes statistiques bayésiennes. En fait, un modèle
DSGE, suffisamment riche pour avoir un intérêt pratique, ne peut être
estimé autrement qu'en recourant à une approche bayésienne. Les
données ne sont généralement pas assez informatives pour identifier
avec précision la totalité des paramètres structurels d'un modèle
DSGE. L'approche bayésienne fournit un protocole objectif pour
compléter l'information apportée par l'échantillon avec une
information a priori sur les paramètres structurels. En pratique,
l'apport de cette information a priori sur les paramètres revient à
déformer, dans certaines directions, la fonction de vraisemblance
associée au modèle.
Dans une première section nous présentons brièvement l'approche
bayésienne en l'appliquant aux modèles auto- régressifs vectoriels
(VAR). En supposant qu'il est possible de caractériser nos croyances
sur les paramètres d'un modèle à l'aide d'une distribution de
probabilité jointe sur ces paramètres, nous montrons comment obtenir
la distribution jointe postérieure en complétant la vraisemblance par
la densité a priori. Dans le cas du modèle VAR il est possible
d'obtenir une expression analytique pour la distribution
postérieure. Nous considérons alors deux situations polaires : (i) le
cas où l'économètre ne dispose pas d'information a priori sur les
paramètres et (ii) le cas où l'économètre dispose d'une information a
priori sur les paramètres. Dans le premier cas, conformément à ce que
suggère l'intuition, la distribution postérieure est centrée sur
l'estimateur du maximum de vraisemblance (MV). Dans le second cas, la
distribution postérieure est centrée sur un mélange (convexe) de
l'estimateur du MV et de l'espérance a priori. L'espérance a
posteriori est d'autant plus proche de l'estimateur du MV que
l'échantillon est informatif relativement à nos croyances a
priori. L'intérêt de l'estimation bayésienne d'un modèle VAR est qu'en
augmentant l'information (c'est-à-dire implicitement la taille de
l'échantillon) avec des croyances a priori on accroît la précision de
l'estimation qui est généralement faible dans les modèles VAR à cause
du nombre important de paramètres à estimer. Si de nombreux indices
nous laissent penser que les séries macro-économiques sont non
stationnaires et cointégrées, on peut utiliser cette information afin
d'améliorer la précision de l'estimation (et donc des prévisions ou
des IRFs obtenues à partir du modèle VAR estimé).
Dans la deuxième section nous montrons en quoi l'approche bayésienne
des DSGE est plus complexe que celle des modèles VAR. Il n'est
généralement pas possible d'obtenir une expression analytique pour la
distribution postérieure des paramètres d'un modèle DSGE. Deux raisons
expliquent cette impossibilité : (i) un modèle fondé sur des
comportements individuels est généralement non linéaire dans les
paramètres structurels que nous cherchons à estimer et (ii) nous
n'observons qu'un sous ensemble des variables endogènes du modèle et
nous faisons donc appel à un filtre de Kalman pour obtenir des
estimations des variables latentes et évaluer la vraisemblance.
Puisque nous ne disposons pas d'une expression analytique de la
vraisemblance, il n'est pas possible d'obtenir une expression
analytique de la distribution a posteriori. Il est alors nécessaire de
recourir à des simulations pour caractériser les croyances a
posteriori. Nous décrivons les algorithmes de MCMC (Monte Carlo
Markov Chain) et plus spécialement l'algorithme du Metropolis-Hastings
qui est généralement considéré dans cette littérature.
Enfin dans la troisième section nous revenons sur la comparaison,
voire l'opposition, entre les modèles DSGE et VAR. Une modélisation
VAR, relativement à la modélisation DSGE, a l'avantage de n'imposer
qu'un nombre limité de contraintes (la liste des variables dans le
modèle, le nombre de retards ou la spécification de la partie
déterministe). Le coût de cet avantage est la relative faible
précision des estimations. Avec la modélisation DSGE, en imposant plus
de structure sur les données on introduit implicitement de
l'information, qui si celle-ci est << légitime >>, peut éventuellement
améliorer les performances relatives du DSGE (par exemple, les RMSE
des prévisions). Le problème est la nature //déterministe// de cette
information ; si les restrictions du DSGE sont sans rapport avec la
forme du processus générateur des données, elles dégraderont les
performances relatives du DSGE. Dans cette dernière section, nous
montrons qu'il est possible d'utiliser l'information structurelle (le
DSGE) pour définir l'information a priori sur le modèle VAR. Le poids
de l'information structurelle, c'est-à-dire de la croyance a priori,
est endogène et choisi de façon à maximiser les performances en
prévision in sample du modèle BVAR (pour Bayesian VAR). Cela revient à
poser des restrictions //stochastiques// sur le modèle empirique qui
ne seront effectivement utilisées que dans la mesure où elles sont
pertinentes. Les VAR et DSGE sont complémentaires, l'approche
bayésienne offre la possibilité de les << mélanger >> en
ne gardant que le meilleur de chaque modélisation.